vendredi 8 janvier 2016

Un mois plus tard...

Après un mois de dur labeur, du 3 décembre au 2 janvier, j'ai terminé mon contrat dans le supermarché discount. Ma responsable, mademoiselle R, m'avait même proposé de rester une semaine de plus, pour palier l'absence de monsieur F, pendant ses vacances. Mais ce mois-là a sans doute été un des mois les plus longs de ma vie, professionnellement parlant je veux dire. J'évoquais même, en privé, "de partir au bagne chaque matin", c'est pour dire. Et pourtant, je suis convaincue d'être tombée sur une bonne équipe, sympa, ouverte, toujours prête à accueillir de nouvelles personnes et puis pro dans sa gestion du magasin au quotidien. Seulement, la répétition des tâches, malgré la polyvalence, la proximité avec les clients parfois pesante, la longueur des journées, les temps de pause réduits, l'objectif de rentabilité jamais bien loin, sont autant de points noirs dans un métier dont les sources de satisfaction, à mon sens, sont trop peu nombreuses. 

La chose que j'ai détestée par dessus tout, ç'a a été le contrôle fraîcheur des fruits et légumes: l'effectuer quotidiennement (du moins les jours où je travaillais) me mettait les nerfs en pelote dès 8 h 10 (après l'inspection du parking). Et même si des habitués venaient récupérer les sacs poubelle, je me dis qu'autant de gaspillage sur une terre où tous ses habitants ne mangent pas à leur faim, a quelque chose de révoltant. 
Le mal de dos dû au fait de rester en caisse de nombreuses heures s'est installé rapidement alors j'ai très vite pris la décision, une fois à l'aise dans le job de caissière, de me passer du fauteuil et de travailler debout.

Mais malgré parfois des discussions totalement futiles, ou sans grand intérêt avec les clients, ce boulot, je l'ai apprécié grâce à eux. Sur mes  dizaines d'heures de caisse, je dois admettre que je suis tombée sur 95% de clients cools. Toujours polis, sympathiques et arrangeants. Attentionnés pour certains, les plus fidèles, ceux qui étaient déjà là quand j'ai commencé le 3 décembre et qui m'ont vu évoluer et effectuer le job correctement et efficacement au fil des jours. Même les "relous", un peu dragueurs, étaient attachants à leur manière, bien que trop de familiarité devient vite énervant.

Une équipe top, malgré qu'effectivement, j'avais l'impression d'un fossé entre nous, peut-être parce que je n'avais pas été honnête envers elle en ne lui disant pas mon vrai métier ; ou alors parce que la plupart parlait boulot constamment et que les sujets de discussion, de facto, me semblaient très réduits. Chacun a toujours été prompt à m'aider, à me renseigner, à me donner des conseils pour m'améliorer (pour être plus efficace, ne nous leurrons pas). Très rares ont été les fois ou l'un d'entre eux a montré quelques signes d'agacement lorsqu'il trouvait que je n'allais pas assez vite en caisse alors qu'il y avait beaucoup de monde. Jamais, il ne m'a été reproché de faire appel trop souvent à la responsable ou à un membre de l'équipe parce que  soit j'avais passé un article en trop, soit j'en avais oublié un ou alors parce que j'ignorais la réponse à une question posée par un client.
Cette équipe s'épanouit dans son travail au quotidien et finalement, c'est le plus important: se faire plaisir dans son taf surtout quand on a des horaires de malades! ;-)

PS: J'ai terminé à 2888 articles par heure! J'étais pas loin d'être dans les clous ;-)

Un remerciement spécial à monsieur G, mon précédent boss, dans un tout autre univers professionnel et qui m'a donné ma chance le temps de quelques jours au mois de novembre. A lui aussi, je lui ai envoyé un CV totalement bidon et je me suis inventée pour une vie pour obtenir le job! Mais après réflexion, je pense qu'il était assez ouvert pour comprendre ma situation professionnelle et me donner ma chance, en dépit de mes qualifications nettement supérieures à celles demandées pour effectuer le boulot.



jeudi 7 janvier 2016

Crise ou pas crise?

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu de mes aînés, de mes profs, que la situation économique de la France n'était pas au beau fixe et qu'il faudrait réformer de manière courageuse et à grande échelle. 
Depuis 2008, les médias nous répètent à longueur de temps que la France subit une crise économique profonde: les dizaines de fermetures d'usines chaque année, les 650 000 chômeurs en plus depuis l'élection de François Hollande en 2012, les huit millions de pauvres en France prouvent que la mécanique n'est pas près de s'inverser, même si des signes de reprise sont à constater. 

Toujours est-il que je pensais observer ce phénomène notamment au poste de caissière mais en réalité, je crois plutôt que la nourriture est un véritable refuge pour la plupart des gens. Les premiers jours du mois, quand les différentes aides sociales sont tombées, les clients se ruent dans les supermarchés et je pense que c'est encore plus flagrant dans le discount. Et ce sont, des lors, de longues files de clients dont les caddies sont plein à ras bord qui défilent aux trois caisses. Mais cette (hyper)consommation n'est pas seulement le corollaire du versement des aides sociales car les mercredis après-midis, les vendredis et samedis sont les plus grosses journées et cela, tout au long du mois.  Et elle se traduit, par exemple, par des clients qui vont acheter trois fois trop de chocolats (ce sont eux qui le disent); ou par des objets dont ils n'ont pas forcément l'utilité immédiate mais qu'ils vont quand même finir par acheter car ils sont moins cher et "que cela peut toujours servir". Je me souviens avoir dit à mademoiselle M, une fois la première journée terminée : "Je croyais que c'était la crise mais pas du tout!" Et elle m'avait répondu en riant : "Certainement pas chez nous!" 

Même les 24 et 31 décembre, le magasin était bondé. La veille du Noël, alors que la responsable elle-même ne s'attendait qu'à peu de monde, elle a été surprise par l'afflux de clients est cela dès la première heure. Toute la journée, nous n'étions que trois à travailler et avec une livraison le matin même, autant dire que la journée a été drôlement chargée. Le rayon des fruits et légumes a été rempli seulement en début d'après-midi, donc avec plusieurs heures de retard, la pause déjeuner a été amputée de 15 minutes, celle de l'après-midi est passée aux oubliettes. Et en fermant le magasin deux heures plus tôt par rapport à d'habitude, le chiffre d'affaire correspondait à un petit samedi, c'est pour dire! Rebelote le 31 où les effectifs étaient inchangés avec une charge de travail équivalente au 24.

Ce qui a valu cette réflexion à ma responsable après les fêtes et alors qu'elle commençait à préparer les soldes du 6 janvier: "Ils comptent se calmer les clients? Tant mieux pour le magasin mais ils m'ont vraiment mis les réserves à sec!" Et de rigoler avec son rire inimitable, fort et saccadé, digne de certaines séries américaines datant des années 90.

mardi 5 janvier 2016

La polyvalence: le maître-mot

Travailler dans l'univers discount nécessite plusieurs qualités, au premier rang desquelles la polyvalence. Lorsque l'on est recruté, ce n'est pas seulement pour un seul job mais pour sa capacité à être réactif sur tous les postes présents au sein de cet univers et dans mon cas, celui du supermarché discount. 
Lors de ma première entrevue de visu avec le responsable de secteur, monsieur D, une semaine après mon arrivée dans le magasin, il m'a demandé de tourner sur tous les postes.  
D'une part, pour apprendre à être autonome sur chacun d'eux et ensuite pour éviter de m'ennuyer car à la longue, être en caisse toute la journée est vite fastidieux. Je m'en suis rendue compte avec le temps parce que je n'ai pas suivi ses recommandations! Je voulais être vraiment être opérationnelle en caisse, je n'ai donc pas sollicité ma responsable pour  travailler sur d'autres postes. 
Mais j'ai tout de même eu l'occasion d'effectuer diverses tâches dans la mesure où parfois, il n'y a aucun client en caisse et que l'on est présent dans le magasin une heure avant l'ouverture.

Le nettoyage du parking à 8 heures est donc devenu une habitude, il prend une quinzaine de minutes. Il suffit de remplacer les poubelles à la sortie du magasin et d'enlever les papiers et cartons qui traînent sur le parking ainsi que sous les caddies. J'effectue régulièrement le contrôle fraîcheur des fruits et légumes jusqu'à 9 heures puis le réassort, une fois que les palettes livrées ont été contrôlées. 

Dans la journée, la responsable donne diverses tâches comme le réassort des produits disposés en caisse tels que les chocolats, les sacs, les briquets, les allumettes, les chwing gum... Avec le temps, elle n'a plus besoin de me le dire, je le fais de moi-même. Mais aussi réalimenter les rayons en articles de détails, à l'aide d'un transpalette qu'il faut récupérer dans la réserve pour transporter la palette de cartons. Heureusement que je n'ai jamais eu à me servir du transpalette électrique car je pense que j'aurais mis quelque temps à comprendre le fonctionnement! Déjà que le manuel n'est pas facile à diriger!
Mais l'essentiel du travail consiste à réorganiser les panières près des caisses pour avoir une vue sur celles-ci.  Il y a pas mal de turn-over notamment pendant les fêtes donc il s'agit de changer les étiquettes, d'étiqueter les quelques articles qui restent et que l'on vend à l'unité, de changer carrément les panières d'emplacement ou de les renvoyer en réserve. Et penser toujours à la présentation. Il faut que les clients aient envie d'acheter. Il faut donc que les panières soient bien rangées, organisées pour que le produit se vende de lui-même en quelque sorte. Dans le jargon, on appelle cela "le merchandising".

Mais étant donné le travail plutôt très prenant en caisse, j'ai souvent commencé un travail avant qu'il ne soit terminé par un autre employé au bout de quelques heures. Et oui, jusqu'à présent, je n'ai pas la capacité de me dédoubler!

lundi 4 janvier 2016

Attention, contrôle des tickets de caisse à la sortie du magasin


La première fois que j’ai été contrôlée, j’ai oublié de compter une baguette et alors que j’étais entrain d’encaisser un client, un des précédents est revenu vers moi en rigolant : « Dites moi, la prochaine fois que vous omettez d’encaisser un article, faites en sorte que le prix soit plus important, parce que pour 35 centimes, franchement, je ne ressens pas vraiment la différence sur mon ticket de caisse, moi ! » Je n’ai pas vraiment compris ce qui se passait, j’ai pris son argent, je ne crois même pas sorti un ticket pour comptabiliser l’achat et j’ai continué mon travail. Mais en tout cas, ce monsieur a été marqué car il m’a reparlé de cet incident, la fois suivante !

Ce n’est qu’à la fin de la journée qu’une responsable de magasin en formation dans notre supermarché est venue me voir pour m’expliquer que, régulièrement des contrôles des tickets de caisse avaient lieu à la sortie du magasin. C’est souvent le responsable adjoint qui s’en charge ou alors monsieur F car il a les compétences.  Il s’agit de choisir de manière aléatoire, un ou une cliente et de vérifier avec lui/elle si le ticket de caisse correspond bien à la marchandise qu’il/ elle a dans son caddie. Et donc de contrôler le travail des caissiers puisque ce sont eux qui sont à la manœuvre. Notamment les nouveaux venus car avec ce qu’ils sont à apprendre d’un seul coup, c’est vrai que ce genre d’erreurs stupides, peut facilement se produire. Les clients se prêtent au jeu dans la mesure où ils ne perdent pas beaucoup de temps et que c’est une tâche facile et rapide à effectuer pour la personne responsable.


La première fois donc, j’ai oublié une baguette (je pense qu’elle se trouvait dans le caddie et que je n’ai pas été attentive), la seconde fois, une barquette de viande pour chien (il y en avait plusieurs et je n’avais pas intégré qu’il y avait différentes manières de comptabiliser beaucoup de produits en même temps pour justement éviter d’en oublier) mais après cela en a été fini. Tout comme les contrôles de tickets de caisse qui ont été plus rares. J’ai dû signer la feuille seulement deux fois dans le mois après les deux premiers incidents.

samedi 2 janvier 2016

Dérisoire observation

Je suis certaine que vous l'avez déjà fait. Au moins tout(e) seul(e). Mais à deux ou à plusieurs, c'est plus marrant. Bon, il est vrai que ce n'est ni très poli ni bienveillant mais c'est drôle,  et c'est toujours plaisant de rire, n'est-ce pas? Vous êtes assis(e) en terrasse, à boire un café (ou une grenadine) avec un pote, votre mère, votre gamin, enfin qui vous voulez, et puis vous vous mettez à observer les passants. Mais aussi à constater et à critiquer. "Mais pourquoi ce grand jeune homme élancé tient-il la main de cette mocheté?" "Olala, elle a un nez aquilin celle-ci, cela lui donne une sacré silhouette surtout de profil" " Lui, la bedaine de la cinquantaine, il ne l'a pas vu venir" "Aaaannh mais c'est quoi ce look totalement has been?" 
Bon okay, je force un peu le trait mais toujours est-il que l'idée est là. 

Dans le supermarché pour lequel je bosse, je n'ai clairement pas le temps, en tant que caissière à plein temps (au cours de mes semaines de 27 heures à 35 heures) de porter une attention particulière à tous les clients... Ils sont tellement nombreux! Et n'oubliez pas que j'ai toujours mon objectif des 3000 articles à l'heure en tête à réussir! Mais les habitués, à force de les voir quotidiennement ou tous les deux jours, on les repère vite et on peut alors se faire une idée. 

Il y a la famille des bidochons, les alcooliques notoires, les ouvriers qui oublient de se laver, le mangeur de pizza  rouquin un peu hippie, l'étudiant beau gosse qui mange des pâtes et des litchis, l'étudiante dont les lunettes embrasse son visage et qui n'achète que des produits sains, le papy au pull bleu, moustaches grises et yeux rieurs généreux ou "j'm'en foutiste", au choix qui laisse toujours 1 euro pour un pain à 65 centimes, le sexagénaire au casque de scooter et blouson rouge, toujours prompt à prendre une tonne de marchandise et à se demander lors de son passage en caisse comment il va repartir avec "tout ça", la meuf toujours super "excited" au téléphone qu'elle n'en calcule même pas la caissière... 

Mes préférés restent les bidochons: la mère, dressée sur ses talons hauts, jambe très fine, vêtue d'un manteau blanc faisant ressortir sa longue chevelure noir geai (favorisée par une couleur), l'air revêche; le père, un grand monsieur aux cheveux gris, ventripotent; le fils, âgé d'une vingtaine d'années,  cheveux noirs toujours gras mais affable et poli; et le petit dernier, d'une douzaine d'années: il mange déjà si déséquilibré qu'il sera sûrement obèse avant 18 ans. Leur rituel, en plus des courses quasi quotidiennes, c'est l'achat d'alcool. Mais père et fils l'achètent séparément: pour le fiston, c'est toujours deux grandes  bières de 50 cl et quatre de 25 cl, de deux marques différentes. Il en dépose une de chaque sur le tapis de caisse, passe devant moi, se rapproche sur le côté et ouvre son sac pour me montrer le reste. Une fois qu'il a payé (quand il peut il donne le compte juste étant donné que la somme ne varie quasiment jamais), il finit toujours par "bonne journée/ bonne soirée hein!".

C'est que l'on s'y attacherai presque à ces clients fidèles parmi les fidèles...



vendredi 1 janvier 2016

La misère économique visible dans le supermarché discount



Quelques jours à peine après mon arrivée, j'ai été confrontée à un problème qui s'avèrera être récurrent : une cliente, la trentaine, accompagnée de deux enfants, s'est retrouvée dans l'incapacité de payer l'intégralité de ses courses dont la note s'élevait à plus d'une centaine d'euros. Et cette somme dépensée dans un supermarché discount peut signifier un caddie rempli quasi à plein surtout s'il y a un pack de lait, de jus d'orange et d'eau. 
Quand on n'est pas préparé à la situation, on est gêné de prime abord, ce que j'ai été. J'ai tenté de repasser sa carte bancaire trois fois (car certaines d'entre elles, mêmes créditées, ne passent pas dans les terminaux bancaires du magasin), puis après lui avoir demandé si elle avait un autre moyen de paiement (chèque ou espèces), elle m'a demandé s'il était possible qu'elle laisse le caddie pour aller retirer de l'argent à trois kilomètres du village. Le caddie est alors emmené "au frigo" dans la réserve, afin de préserver tous les produits par un des employés, souvent le responsable ou le responsable adjoint. Cette dame n'est jamais revenue. 

Au cours du mois passé, j'ai eu affaire à cette situation quelques fois, aux clients qui se retrouvent dans l'incapacité de payer en CB et demandent à retirer de leur note plusieurs produits pour qu'ils entrent dans leurs frais, c'est-à-dire équivalent au montant en liquide qu'il possède; à une dame, qui, au bord des larmes, a égaré son billet de 20 euros entre chez elle et le magasin, et qui flippe de payer par carte pour 4,83 euros de clémentines et de soupe car "elle n'a plus de sous", à ces gens qui ont explosé leur plafond de dépenses à cause des courses et des cadeaux de Noël et qui la semaine suivante, au moment de passer en caisse, se retrouvent avec une carte non créditée.... Et sont bouffis de honte au moment où le ticket de carte bancaire indique "Incident...Abandon". Il y a ceux qui demandent le prix de tel ou tel produit avant de commencer le passage des articles en caisse pour savoir s'il n'est pas hors budget ou encore les clients qui, au moment de régler, demandent à ce qu'un article superflu et "cher" soit finalement retiré de la note. 

D'une certaine manière, il faut être blindé parce que c'est difficile de ne pas être en empathie avec ces personnes, qui, visiblement sont quand même dans la nécessité. Et puis, elles achètent de la nourriture, et non pas les derniers produits high tech. Après, tous les cas ne sont pas semblables: il y a ceux qui tentent de payer par carte bleue en pensant qu'elle va passer alors qu'ils savent pertinemment que le compte est vide. Et puis il y a ceux qui sont surpris, et complètement désolés d'en arriver à "se payer la honte" devant la caissière et les clients de la file. 

vendredi 25 décembre 2015

Marx, me voilà

J'ai toujours eu du mal à considérer les syndicats, notamment ces dernières années, comme un corps intermédiaire capable de dialoguer sereinement avec le gouvernement et le patronat et d'être une force de propositions constructives. Je les perçois plutôt comme des empêcheurs de tourner en rond, des personnes qui montent au créneau pour réclamer toujours plus d'acquis et qui considèrent qu'on doit encore vivre comme au temps du Front populaire voire du début des années 80. Des périodes où les avancées sociales ont été importantes et sur lesquelles se repose encore notre société. Pour penser ainsi, je m'appuie sur des exemples concrets dans le monde hospitalier ou dans celui du BTP, des univers qui me sont familiers grâce à mon entourage. Et puis je le constate régulièrement grâce à l'actualité. Je pense d'ailleurs qu'il serait fondamental, pour que les syndicats possèdent une vraie force, et pèsent ainsi dans les négociations face au gouvernement et au patronat qu'il faudrait que les conventions, accords qu'ils négocient ne profitent qu'aux salariés syndiqués. Je trouve aberrant que seulement 8% de la population active soit syndiquée mais que l'ensemble des travailleurs bénéficient des négocations. 

Toujours est-il que dans le supermarché pour lequel je bosse, il serait bienvenu qu'un responsable syndical vienne de temps en temps, histoire de rappeler aux salariés qu'ils n'ont pas à rogner sur le peu d'acquis qu'ils ont dans leur milieu.
Certes, le travail d'employé commercial est à temps partiel, sur les six salariés, quatre au moins le sont, la responsable adjointe ainsi que son assistant tournent eux, plus souvent autour de 35 heures. Mais ce n'est pas une raison pour que les journées complètes suivent un rythme aussi dingue. Le travail commence à 8 heures ou 7 h 45 pour celui ou celle qui se charge de faire cuire le pain; la pause déjeuner est d'une heure entre midi et 14 heures; une pause de 15 minutes a lieu aux alentours de 16 h 30 avec un système de rotation; le travail s'achève à 19 h15.

Sauf qu'il est très rare de sortir du supermarché à 19 h 15 et que tout le monde est au magasin sur les 7 h 45, 7 h 50 et attaque dans la foulée. De ce fait, les journées sont longues, 10 h 15, et régulièrement, les salariés ne respectent pas le temps de travail. Combien de fois, ma collègue mademoiselle M n'a pris que 5 minutes pour sa pause de l'après-midi? L'autre fois, c'est madame B qui n'a pris que quelques minutes avant de revenir à sa caisse "parce qu'il y a du boulot". Franchement, sur le principe, je trouve que c'est abusé, d'ailleurs j'ai fait la réflexion à ma collègue. On est capable de gérer le temps des pause de chacun. Et si les clients sont mécontents parce qu'ils attendent quelques minutes en plus, tant pis. Ce n'est pas à nous d'en faire les frais, eu égard au salaire que l'on perçoit et à la polyvalence dont on doit être capable. 

Le 24 décembre, nous n'étions que trois à travailler. Ma responsable m'a fait comprendre qu'elle aimerait que je ne prenne que 45 minutes pour déjeuner "soit le minimum légal" car "ça l'arrangeait". Et pour cause: le 24, les clients ont afflué en continu, contre toute attente! Le rayon fruits et légumes a finalement été rempli aux alentours de midi, soit très tardivement par rapport au timing habituel. Et il a fallu assurer le réassort toute la journée et mettre à la vente des nouveaux produits correspondant à ce qu'annonce le catalogue.
J'ai accepté sauf que l'après-midi, il n'y a pas eu de pause et que nous sommes sortis à 17 h 25 du magasin au lieu de 17 h 15. Même pas un merci ni rien, c'était considéré comme normal par la responsable qui, elle-même, a choisi de ne pas prendre de pause déjeuner.

Si encore il n'y a avait pas cet impératif de rendement, d'être toujours obligé d'être constamment occupé, de sorte que regarder son téléphone portable est carrément mal vu sous peine de se prendre une réflexion du genre: " Vous faites quoi avec votre téléphone? Vous avez un temps de pause, il est fait pour cela, maintenant, allez me ranger cette caisse " (ma responsable qui s'adresse à moi après 2 h 45 d'un flot ininterrompu de clients!) Je ne trouverai pas que c'est abusé. Sauf que c'est ce rythme qui est imposé au quotidien. Et visiblement, dans d'autres supermarchés, c'est pire...