vendredi 1 janvier 2016

La misère économique visible dans le supermarché discount



Quelques jours à peine après mon arrivée, j'ai été confrontée à un problème qui s'avèrera être récurrent : une cliente, la trentaine, accompagnée de deux enfants, s'est retrouvée dans l'incapacité de payer l'intégralité de ses courses dont la note s'élevait à plus d'une centaine d'euros. Et cette somme dépensée dans un supermarché discount peut signifier un caddie rempli quasi à plein surtout s'il y a un pack de lait, de jus d'orange et d'eau. 
Quand on n'est pas préparé à la situation, on est gêné de prime abord, ce que j'ai été. J'ai tenté de repasser sa carte bancaire trois fois (car certaines d'entre elles, mêmes créditées, ne passent pas dans les terminaux bancaires du magasin), puis après lui avoir demandé si elle avait un autre moyen de paiement (chèque ou espèces), elle m'a demandé s'il était possible qu'elle laisse le caddie pour aller retirer de l'argent à trois kilomètres du village. Le caddie est alors emmené "au frigo" dans la réserve, afin de préserver tous les produits par un des employés, souvent le responsable ou le responsable adjoint. Cette dame n'est jamais revenue. 

Au cours du mois passé, j'ai eu affaire à cette situation quelques fois, aux clients qui se retrouvent dans l'incapacité de payer en CB et demandent à retirer de leur note plusieurs produits pour qu'ils entrent dans leurs frais, c'est-à-dire équivalent au montant en liquide qu'il possède; à une dame, qui, au bord des larmes, a égaré son billet de 20 euros entre chez elle et le magasin, et qui flippe de payer par carte pour 4,83 euros de clémentines et de soupe car "elle n'a plus de sous", à ces gens qui ont explosé leur plafond de dépenses à cause des courses et des cadeaux de Noël et qui la semaine suivante, au moment de passer en caisse, se retrouvent avec une carte non créditée.... Et sont bouffis de honte au moment où le ticket de carte bancaire indique "Incident...Abandon". Il y a ceux qui demandent le prix de tel ou tel produit avant de commencer le passage des articles en caisse pour savoir s'il n'est pas hors budget ou encore les clients qui, au moment de régler, demandent à ce qu'un article superflu et "cher" soit finalement retiré de la note. 

D'une certaine manière, il faut être blindé parce que c'est difficile de ne pas être en empathie avec ces personnes, qui, visiblement sont quand même dans la nécessité. Et puis, elles achètent de la nourriture, et non pas les derniers produits high tech. Après, tous les cas ne sont pas semblables: il y a ceux qui tentent de payer par carte bleue en pensant qu'elle va passer alors qu'ils savent pertinemment que le compte est vide. Et puis il y a ceux qui sont surpris, et complètement désolés d'en arriver à "se payer la honte" devant la caissière et les clients de la file. 

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