jeudi 7 janvier 2016

Crise ou pas crise?

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu de mes aînés, de mes profs, que la situation économique de la France n'était pas au beau fixe et qu'il faudrait réformer de manière courageuse et à grande échelle. 
Depuis 2008, les médias nous répètent à longueur de temps que la France subit une crise économique profonde: les dizaines de fermetures d'usines chaque année, les 650 000 chômeurs en plus depuis l'élection de François Hollande en 2012, les huit millions de pauvres en France prouvent que la mécanique n'est pas près de s'inverser, même si des signes de reprise sont à constater. 

Toujours est-il que je pensais observer ce phénomène notamment au poste de caissière mais en réalité, je crois plutôt que la nourriture est un véritable refuge pour la plupart des gens. Les premiers jours du mois, quand les différentes aides sociales sont tombées, les clients se ruent dans les supermarchés et je pense que c'est encore plus flagrant dans le discount. Et ce sont, des lors, de longues files de clients dont les caddies sont plein à ras bord qui défilent aux trois caisses. Mais cette (hyper)consommation n'est pas seulement le corollaire du versement des aides sociales car les mercredis après-midis, les vendredis et samedis sont les plus grosses journées et cela, tout au long du mois.  Et elle se traduit, par exemple, par des clients qui vont acheter trois fois trop de chocolats (ce sont eux qui le disent); ou par des objets dont ils n'ont pas forcément l'utilité immédiate mais qu'ils vont quand même finir par acheter car ils sont moins cher et "que cela peut toujours servir". Je me souviens avoir dit à mademoiselle M, une fois la première journée terminée : "Je croyais que c'était la crise mais pas du tout!" Et elle m'avait répondu en riant : "Certainement pas chez nous!" 

Même les 24 et 31 décembre, le magasin était bondé. La veille du Noël, alors que la responsable elle-même ne s'attendait qu'à peu de monde, elle a été surprise par l'afflux de clients est cela dès la première heure. Toute la journée, nous n'étions que trois à travailler et avec une livraison le matin même, autant dire que la journée a été drôlement chargée. Le rayon des fruits et légumes a été rempli seulement en début d'après-midi, donc avec plusieurs heures de retard, la pause déjeuner a été amputée de 15 minutes, celle de l'après-midi est passée aux oubliettes. Et en fermant le magasin deux heures plus tôt par rapport à d'habitude, le chiffre d'affaire correspondait à un petit samedi, c'est pour dire! Rebelote le 31 où les effectifs étaient inchangés avec une charge de travail équivalente au 24.

Ce qui a valu cette réflexion à ma responsable après les fêtes et alors qu'elle commençait à préparer les soldes du 6 janvier: "Ils comptent se calmer les clients? Tant mieux pour le magasin mais ils m'ont vraiment mis les réserves à sec!" Et de rigoler avec son rire inimitable, fort et saccadé, digne de certaines séries américaines datant des années 90.

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